Le fantastique ne manque pas de racines, mais celles-ci se trouvent généralement au ciel, dans un monde d’esprits bénéfiques (Spirite), maléfiques (Le Horla), ou dans un passé immémorial (Le Pied de momie). Le conte que voici a ses racines dans la terre, dans notre terre de France, et dans notre propre mémoire de peuple. Le petit Landais et l’armée de tournesols pourrait être sous-titré Essai de fantastique rustique. La veine champêtre y voisine avec une intense fibre sociale, un regard aiguisé sur l’art, et la candeur émouvante de l’enfance. Ce conte, nous le devons à Marianne Desroziers, femme de lettres bordelaise, auteur de nouvelles nombreuses et de poèmes, publiés en revues ou en recueils.
Marianne Desroziers sait faire parler par sa voix des narrateurs et des personnages très divers. Ici, c’est bien la pensée et la parole d’un enfant, immortalisé par la sculpture dans cette moderne Vénus d’Ille, qu’elle fait sienne. La statue du petit Landais retrouve vie par sa plume, devenant la prolongation directe de l’enfant qui en fut le modèle. C’est que l’art, quand il est intensément expressif, recèle lui-même la vie. « Mettez un peu de vie dans votre art » disait Louis Jouvet dans Entrée des artistes. On appréciera également le sens de la formule chez notre nouvelliste : « Être un buste, c’est être condamné à l’immobilité » ; « Se résigner, c’est mourir à petit feu » ; et la cadence finale : « Qui eût cru qu’une œuvre d’art pouvait rêver ? »
Après avoir lu cette nouvelle, ne manquez pas l’interview de l’auteur, qui lui fait suite.
Mimy la Gapette
La citation exacte de Louis Jouvet dans le rôle du professeur Lambertin est : « Tu disais qu’à force de jouer la comédie, on finit par s’imaginer que la vie est une farce ; c’est vrai mais il faut y croire. Mettre un peu d’art dans sa vie et un peu de vie dans son art. »
Avec Odette Joyeux, Dalio et Bernard Blier ; musique de Georges Auric. Pas mal, hein ?