N°2 – À nos lecteurs

    Depuis sa création, voici deux semaines, Onuphrius a été salué, encouragé et congratulé par maints correspondants. Merci de tout cœur, chers lecteurs, de cet accueil si chaleureux. Outre cette pluie de bénédictions, nous avons reçu d’assez nombreuses nouvelles, proposées par des écrivains très divers, les uns renommés pour leur prose, les autres à la notoriété commençante, et qu’importe ! Notre modeste revue se déclare l’amie des lettres, que celles-ci soient assemblées par de vénérables professeurs à longue barbe grise, des étudiants buveurs d’absinthe, des cracheurs de feu diplômés ou d’obscures couturières : à tous, saltimbanques, ménagères et académiciens, nous serrons les deux mains pour ce qu’ils ont d’unique.

    Il nous faut simplement présenter aux auteurs une demande implorante, ou plutôt deux. Avant toute chose, lisez un peu notre revue, voyez si les trésors que recèlent vos tiroirs peuvent bien lui convenir, ou s’il ne faudrait pas plutôt composer, pour elle, quelque chose de nouveau. Un certain esprit souffle ici, distinct de ceux qui peuplent d’autres lieux ; il en faut tenir compte. Ensuite, écrivez ce que personne n’a jamais pu ni ne pourra jamais écrire à votre place. Inspirez-vous de ce qui vous est réellement connu, des faits, aventures ou tribulations dont vous fûtes les acteurs ou les témoins, des rencontres singulières ou cocasses que vous fîtes, des rêves nocturnes ou des réflexions diurnes qui vous appartiennent en propre. Troisième de nos deux petites demandes : écrivez cela dans une langue claire, harmonieuse, précise, élégante, bien articulée. Cette langue porte un nom : le français ! Et une fois tout cela dit, oubliez nos conseils pour n’en faire qu’à votre aimable tête.

    Aujourd’hui, nous avons la joie (!) de vous présenter L’Enterrement, une nouvelle de Bertrand Redonnet. On admirera sa verve de paysagiste, l’empathie, teintée d’une douce ironie, qu’il met à décrire les petites gens de la campagne en proie au déchaînement des forces naturelles, et le pinceau vigoureux qui anime la scène finale, où le style bouffe surgit au milieu du tragique.

     Sans doute on ne pourra s’empêcher de penser, en lisant le récit d’un ouragan si dévastateur, à la tragédie bien plus cruelle encore que connaissent en ce moment nos compatriotes de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin.

    Bertrand Redonnet est originaire de Chaunay, dans la Vienne, département qu’il a quitté en 1977 – après des études de sociologie à l’université de Poitiers – pour s’installer à Cramchaban, en Charente-Maritime, le pays même qui sert de décor à L’Enterrement. L’écrivain énumère ainsi les activités successives qu’il y a exercées : « flâneur, manœuvre dans une usine, bûcheron, vendeur de photos aériennes, et enfin chargé de communication dans une collectivité territoriale ». En 2005, il partit en Pologne de l’est, près de la frontière biélorusse, où il habite encore aujourd’hui, en exil volontaire. Il y écrit des romans, des nouvelles et des essais – nous recommandons en particulier Le Théâtre des choses, recueil de dix nouvelles « de France et de Pologne », paru en 2011 aux éditions Antidata. Signalons encore son essai Brassens, poète érudit, publié chez Arthémus en 2001, et qui connut un grand succès ; son blog, L’Exil des mots, fort aujourd’hui de mille cinq cents textes et davantage ; et son roman tout dernièrement paru, La Pomme ne tombe pas loin du pommier, aux éditions Cédalion, sises à Loudun.

    De ce roman, dont l’action fait revivre l’histoire peu connue des soldats maudits de Pologne, et de la nouvelle dont voici le texte sans plus attendre, il sera question dans notre entretien avec l’auteur (pour lire cet entretien, il vous faudra cliquer sur le bouton de changement de page, au bas de ladite nouvelle).

Evariste Couy-Neveu

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