N° 3 – Itinéraire du réel à l’imaginaire

     Le conte néo-naturaliste que nous vous proposions dans notre précédent numéro, et que nous devions à Bertrand Redonnet, avait pour cadre un village baptisé La Ceriseraie ; il faut croire que Saint-Onuphrius est gourmand de cerises, car la nouvelle que voici aujourd’hui a pour titre Le Cerisier. Nous la devons à Laurence Chaudouët, auteur dont nous avons fait la connaissance grâce à la revue L’Ampoule.

     Comme les sylphes, les elfes et les farfadets, Laurence Chaudouët est née près de la forêt – une de celles dont la Seine-et-Marne est couverte et dont les noms font rêver : Sénart, Bréviande, Choqueuse, Sourdun, ou encore Fontainebleau, forêt chère à Balzac, aux frères Goncourt, à Maupassant, et où Chateaubriand promena sa superlative crinière.

     Laurence Chaudouët a publié ses premiers vers dès 1987 dans la revue Vivre en poésie, dirigée par Jean-Pierre Rosnay (« Amis de la poésie, bonsoir ! ») ; ses poèmes suivants ont paru dans diverses revues – et des meilleures ! – telles que Voix d’encre, Décharge, Cabaret ; elle a consacré à la poésie un recueil au fort beau titre : Le Cœur étranger (éditions Eldebé). Signalons deux romans : Le Roman de Petra et Le Cri du homard. Sa nouvelle Les Poupées de Victor lui a valu le prix Scribo, en 2009, et elle a consacré à notre genre favori un recueil d’inspiration fantastique, Le Voisin, paru en 2013.

     Le fantastique, c’est encore ce qui anime Le Cerisier, récit onirique, inquiétant et fascinateur, où nous suivons l’itinéraire, semé d’embûches, de son héroïne Sarah vers l’indépendance et l’inconnu. Faut-il voir dans ce prénom biblique, signifiant en hébreu princesse, le symbole même du cheminement, puisque la matriarche Sarah fut associée aux pérégrinations d’Abraham vers une terre d’abord non identifiée (Gn 12, 1-5) ? Sans doute, avec Proust, faut-il reconnaître que chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même.

     À la suite de cette troublante et attachante nouvelle, ne manquez pas de découvrir notre entretien exclusif avec l’auteur. Bonne lecture, donc, et bonne immersion dans votre propre imaginaire…

Fantine Briochard

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